Mettez dans un shaker de la passion pour la mer et les voiliers, un goût d'aventure, des amitiés profondes, l'admiration pour l'un des plus grands exploits maritimes, la fascination des glaces, laissez murir plus de 45 ans et vous obtenez notre projet : "Sur les traces d'Ernest Shackleton"
Concrètement, celui ci a pris forme il y a maintenant 4 années. Le temps que les 3 protagonistes adhèrent au projet, organisent leur vie professionnelle et que le choix du voilier se finalise.
Point de départ: le programme auquel chacun a adhéré d'emblée: la destination finale serait d'aller se recueillir sur la tombe d'Ernest Shackleton en Georgie du Sud. Et chacun proposa quelques variantes d'itinéraires qui bout à bout nécessitaient 5 années de navigation.
Gaston Rebuffat, celèbre guide de haute-montagne dont les ouvrages et films ont fait rêver des générations d'alpinistes citait souvent cette maxime :" Rêver, c'est déjà être en chemin" Dieu sait que nous l'avons rêvé notre projet ! Celui ci a eu le temps de bien mûrir durant les deux années nécessaires à la construction du Boréal 47, voilier sur lequel nous avions tout trois flashé (voir l'article: Le Boréal 47 face à ses concurrents).
Il nous fallait donc un voilier dans les 40/45 pieds, conçu pour affronter des mers pas nécessairement clémentes, suffisamment confortable pour vivre à 5 ou 6 de nombreuses semaines en navigation ou au mouillage. Facile à mener, et quadrature du cercle; qui présenterait nombre de caractéristiques que nous souhaitions retrouver après avoir navigué sur de nombreux voiliers durant nos vies de coureurs et plaisanciers.
Sportifs, du moins dans le passé ! nous voulions au gré de nos escales continuer à pratiquer le ski de randonnée et le kayak de mer.
Une fois le voilier idéal choisi, construit et essayé la première année, ce serait le cap vers l'Ecosse, destination parcourue plusieurs fois ces dernières années et qui nous semble être un bassin de navigation idéal. Bien sûr, il peut y avoir quelques jours de pluie ! mais dans la balance ceux-ci ne pèsent pas très lourds.
Ensuite, cap vers la Norvège; Nous avions déjà tous navigué le long de ses côtes. Jean-Michel y était monté avec ses enfants sur un Symphonie, Jean-Louis et Hervé avaient loué un Bavaria 50 depuis Tromso pour découvrir les Lofoten. Ce serait un but idéal avant d'aller tester "Sir-Ernst" jusqu'au Spitzberg.
Puis retour express en automne à Tréguier pour une révision complète, avant le cap sur les îles de l'archipel du Cap-Vert, puis la traversée classique de l'Atlantique jusqu'aux Bahamas. Pourquoi atterir sur ces îles plutôt que choisir une destination Antillaise ? Trop de monde, trop parcouru lors de nombreuses croisières des Vierges jusqu'aux Vénézuéla. Envie de tranquilité dans le sud de l'archipel Bahamien. de se gorger de soleil avant les périodes Chiliennes et du Grand Sud.
Un projet doit tenir compte également des périodes favorables de navigation et des aléas climatiques. Notre impératif se résume à se trouver au nord de la Patagonie Chilienne (Puerto Mont en septembre, afin de disposer des mois d'hiver pour traverser vers la péninsule Antarctique et la Georgie du Sud). Que faire de quelques mois disponibles. Vite un coup d'oeil sur les Pilot Charts, les cartes de courant, les atlas climatologiques ... Et partant du principe que nous préferons le portant au près, que nous avons donc du temps devant nous, pourquoi ne pas faire un petit détour par la Polynésie avant de revenir par le pacifique sud jusqu'au Chili ?
Ah, ce besoin de naviguer dans des coins isolés ! quitte à accepter quelques inconvénients dûs à l'humidité et à l'isolement. Descendre toute la patagonie Chilienne et se retrouver dans un des derniers endroits sauvages de notre planète est un argument suffisant. D'autant plus que Jean-Louis rêve de mettre ses bottes dans quelques grottes de l'île Madre de Dios. (voir l'article)
un magnifique panorama de photos prises durant l'expédition "Ultima Patagonia 2014"
Puis ce sera la traversée du "Drake" pour aller s'extasier des vues que nous offrent la péninsule Antarctique en espérant qu'il restera des endroits tranquilles loin des paquebots de plus en plus nombreux à fréquenter ces parages.
Enfin la destination ultime: cap sur la Georgie du Sud. Nous ouvrirons notre dernière bouteille de Whisky de l'expédition de Shackleton dont je vous invite à consulter le site extraordinaire relatant l'histoire de cette cuvée !
Il ne nous restera plus qu'à rentrer à Tréguier, poussé par les vents tout d'abord jusqu'en Afrique du Sud, puis Sainte-Hélène, avant de remonter sur les Antilles et l'Amérique du nord; Un petit tour dans le Maine, revenir à Saint-Pierre et Miquelon , près de 35 ans après la première visite sur "Fernande", rebaptisé "ville d'Antibes" pour la première transatlantique "Quebec Sant-Malo".
Vous verrez qu'il y en aura bien un pour proposer un petit détour au retour par la côte ouest du Groenland et peut-être le passage du ..., mais chut, personne n'est au courant !