Été 2016, Sir-Ernst fera sa première croisière polaire : direction l'archipel du Svalbard, plus connu sous le nom de Spitzberg.
Une croisière comme celle-ci ne s'improvise pas et se prépare longtemps à l'avance. Sans être banale, une navigation au Spitzberg n'est plus exceptionnelle et de nombreux voiliers croisent dans ces eaux depuis maintenant plusieurs années.
Mais une interrogation subsiste concernant les glaces que nous risquons de rencontrer. Si la conception de notre Boréal 47 nous rassure et ne sera pas prise en défaut, la planification de notre croisière nécessite de connaître entre autres les possibilités d'être confrontés à la banquise. Hors, la comparaison des renseignements issus des différents ouvrages consultés (comme l'Artic Pilot prêté par nos amis du BOREALP) et ceux des relevés de ces dernières années montrent un net recul de la banquise.
Excellente occasion de dresser un état des lieux de ce phénomène.
ATTENTION ! Sir-Ernst n'a pas vocation à réaliser un travail pseudo- scientifique, nous en serions d'ailleurs bien incapables. Nous souhaitons juste comprendre, à partir d'informations crédibles disponibles, la réalité du phénomène et tenter d'en mesurer ses causes.
L'Arctique serait bientôt libre de Glace et perdrait toute sa glace en été d'ici à 2054-2058. C'est dans cette région que les changements climatiques sont les plus rapides. Depuis 1951 l'Arctique s'est réchauffé environ deux fois plus vite que la moyenne planétaire.Par exemple, durant cette période, la température au Groenland a augmenté de 1,5° C alors qu'elle n'était que de 0,7°C dans le reste du monde.
Même phénomène constaté sur la calotte du Groenland.
La zone colorée est celle où un déficit de glace a été enregistré à l'issue de l'été. Cela signifie que l'accumulation de neige hivernale (neige qui se transforme
en glace sous la pression de son propre poids) ne compense plus la fonte estivale.
Des observations contradictoires ?
Difficile de s'y retrouver. Car d'autres études constatent des évènements inverses.
Alors que la banquise fond à une vitesse alarmante, l'épaisseur de la glace présente sur le plateau du Groenland aurait augmenté de 5,4 cm/an. C'est ce qu'une étude, menée par une équipe de scientifiques, à partir de mesures effectuées par 2 satellites ERS1 et 2 de l"Agence Spatiale Européenne (ESA), révèle. Entre 1992 et 2003, la couche de glace a augmenté de 6,4cm/an au dessus de 1500 mètres d'altitude et de 2 cm par an pour les altitudes inférieures à 1500m.
Pour info: Suite aux accumulations de précipitations neigeuses durant des milliers d'années, la calotte glaciaire du Groenland peut atteindre par endroit plus de 3 km !
Alors peut-on parler de disparition progressive de la calotte glaciaire du Groenland avec le réchauffement en cours ?
Une des responsables de l'étude publiée précise que ces résultats ne sont pas contradictoires. Il existe bien une fonte sur tout le contour du Groenland alors qu'une accumulation de glace sur l'intérieur des terre est constatée dès que l'altitude depasse 1500 mètres. Pour s'en convaincre il n'y a qu'à observer les avalanches glaciaires dans la mer
vidéo en anglais
La formation de glace résultant de la hausse des précipitations neigeuses compensera t-elle les pertes enregistrées ? le manque de recul ne permet pas de répondre à cette question mais on table sur une augmentation de la glace de 20 Km/3 par an alors que les pertes totales à cause de la fonte des régions côtières sont estimées à 80 KM/3. Le bilan reste très négatif. Pour preuve : l'augmentation de la vitesse de déplacement du glacier Kangerdluggssuaq sur la côte Est. Celle ci serait passée de 5 Km/an en 1988 à 14 km/an en 2005. Alors que sa position était stable ces 40 dernières années, il aurait perdu 5 km depuis 2001 !
A quoi peut-on s'attendre ?
Le GIEC (Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) est pessimiste. L’urgence est de limiter les gazs à effets de serre. Au rythme actuel, une augmentation globale de la température de 2° se traduirait en Arctique par une augmentation de 8°, entraînant une disparition définitive des banquises et une fonte accélérée des calottes glaciaires avec une forte montée des océans. Et les experts ne sont guère confiants pour envisager que ce phénomène puisse s' enrayer !!!
On sait qu'il est vital de diminuer les émissions de CO2 en réduisant de façon significative la consommation d'énergies fossiles. Mais la fonte des glaces ouvre paradoxalement de nouvelles éventualités de recherche de pétrole et de gaz naturel.
D'autres risques nous menacent...
La fonte du permafrost.
Le réchauffement global entraîne la fonte des sols gelés des régions polaires comme en Sibérie et au Canada et Alaska. Ces sols, qui n'ont pas dégelé depuis la période qui précède la dernière glaciation, enferment des molécules de méthane issues de la décomposition de micro-organismes. Ces molécules, jusque là enfermées dans une enveloppe d'eau gelée, sont libérées par le dégel et viennent participer à l'effet de serre.
Le méthane est un gaz à effet de serre vingt fois plus efficace que le CO2 !
Les hydrates de méthane
Certains fonds marins sont tapissés d’un « composé glacé et inflammable » appelé hydrate ou clathrate de méthane. Les quantités d’hydrates de méthane sont considérables, elles dépasseraient l’ensemble des stocks de charbon, et l’on envisage leur exploitation pour remplacer le pétrole. Or il s’agit encore de composés carboniques, et le réchauffement des océans a commencé à provoquer leur fonte naturelle. Il résulte de cette fonte des dégazages susceptibles d’accélérer encore le réchauffement global.
Le chercheur Orjan Gustafsson, qui a mené des recherches sur le dégazage naturel en mer de Laptev, en Sibérie Orientale, constate : « Une vaste zone d'intense libération de méthane a été découverte. Sur les précédents sites nous avions relevé de fortes concentrations de méthane dissous dans l’eau. Nous avons observé pour la première fois une zone où la libération est si intense que le méthane n'a pas eu le temps de se dissoudre dans l'eau de mer, mais arrive sous forme de bulles de gaz à la surface. À certains endroits, la concentration de méthane dans l’air atteint 100 fois le niveau habituel. »
Le comportement de ces réserves sous-marines de méthane revêt une importance majeure car leur libération subite dans l'atmosphère a pu provoquer par le passé une augmentation brutale de la température terrestre, entraînant une extinction massive des espèces. Les chercheurs pensent que le réchauffement rapide qu'a connu l’Arctique au cours des dernières années pourrait être en partie lié à ce phénomène.
Hydrate de methanepar fredfont. 30" de pub au début ( video Dailymotion !)
A lire: Dans la revue du CNRS, un article ėdifiant sur ces phénomènes ...
Ce que l'on constate:
Ces dernières années, on a constaté une accélération dramatique du processus de fonte de la banquise !
En trois décennies d'observation satellite, on n'avait jamais vu la glace de l'Arctique fondre autant que l' été 2013 ; calotte glaciaire du Groenland, banquise ... Du mois de juin, période des premiers dégels, jusqu'au retour des températures plus froides en septembre, la banquise peu à peu fond ; Mais un mois avant la fin de la saison chaude, 97% de la surface glaciaire du Groenland a subi une fonte, même partielle ! Et en quatre jours la surface partiellement dégelée est passée de 40 à 97%.
La banquise arctique peut atteindre l'hiver 15 millions de km2, et elle se réduit l'été. Mais depuis 30 ans, l'étendue minimale de la surface glacée diminue en moyenne de 13% à chaque décennie, et son volume de 3%.
Conséquences dramatiques !!!
Le recul des glaces libère de nouvelles voies de navigation, les fameux passages du Nord-Ouest et du Nord-Est. Mais également, l'exploitation des minerais et des hydrocarbures suscitent de nouvelles convoitises ...
Problème très complexe. Mettons nous un instant à la place des Groenlandais; L'exploitation de nouvelles ressources leur permettraient de disposer d'importantes richesses, leur assurant l'indépendance financière et donc politique. Un printemps de plus en plus précoce entraînerait une augmentation de 25% de la végétation dans la toundra. Au Groenland, de nouvelles cultures seraient envisageables. Vers quelle voie se tourner ?
L'Arctique recèle du pétrole et du gaz, en grande quantité. Russes, Canadiens, Norvégiens et Américains se sont positionnés. Le butin s'annonce colossal !
La zone s'est remilitarisée. Mais quels risques encourus !
Incidents sur les zones de production d'hydrocarbures, naufrage dans les nouvelles voies navigables comme le passage du Nord-Est le long de la Russie ! les conséquences écologiques seraient catastrophiques; Aucune infrastructure, aucun équipement ne permettant d'intervenir efficacement.
Depuis la rédaction de cet article nous avons lu " Passer par le Nord - la nouvelle route maritime -"
d'Isabelle Autissier et Erik Orsenna aux éditions Paulsen.
Voici ce qu'en pense Jean-Louis ...
« Les deux complices, (la grande navigatrice écologiste et l’académicien économiste) se définissent eux- mêmes comme des curieux maladifs. Ils ont embarqué à 3 reprises au nord de l’Europe et de la Sibérie, pour faire un énorme travail d’enquête sociologique, géopolitique et écologique. Ce n’est pas un récit de voyage qui décrit la « route du nord » , de l’Atlantique au Pacifique, « le passage du nord est », c’est un inventaire : de l’histoire de la conquête et de l’installation des premiers aventuriers dans ces contrées hostiles, ponctuée de récits et d’anecdotes de survie incroyables. du trafic maritime commercial qui y croit de façon exponentielle depuis 5 ans à l’aide de brise glace nucléaires hyper puissants (certains déposent des touristes au Pole nord). des enjeux géopolitiques sur fond de mondialisation, de prospection pétrolière et gazière (les réserves d’énergie fossile y sont considérables). des catastrophes écologiques à venir sur fond de niveaux record de pollution parmi les zones de pêche les plus productives du monde, (le grand nord est une bombe climatique qui se réchauffe 3 fois plus vite que le reste du globe). des îles perdues bloquées par les glaces l’hiver, noyées dans le brouillard l’été, refuge de nombreuses espèces animales et théâtre permanent d’activités militaires et scientifiques. des intérêts futurs pour tous les pays du sud est asiatique et de l’Europe, (en divisant presque par 2 la distance entre Rotterdam et le Japon). Serons-nous bientôt des « Artic users » ? C’est passionnant, à lire d’urgence ! » |
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Que trouverons-nous en 2016 au Spitzberg ? nous ne manquerons pas d'en faire état.
Mise à jour novembre 2016 :
Lors de nos escales à Tromso, nous avons eu le plaisir de visiter le musée polaire. Une exposition photographique très interessante nous a interpellés. Les glaciers du Spitzberg avaient été photographiés à quelques années d'intervalles, et le constat était édifiant.
Les glaciers fondent, énormément ..
.Et en effet, durant tout notre séjour, les signes se sont accumulés. Les relevés des cartes électroniques utilisés à bord remontent à 10 ans, et pourtant nous avons pû souvent nous avancer vers leur front en sécurité alors que sur la carte, nous étions sur le glacier !!!
Le site de la NASA vient de publier une vidéo qui montre l'ampleur de la diminution de la banquise depuis 1984.
L'intégralité de l'article est consultable sur : le site de la NASA
Le mois d'octobre 2016 a établi un triste record de diminution de la banquise passant de 10 millions de km2 en 1979 à 6,5 millions de km2 en 2016
Cette vidéo démontre remarquablement la diminution du volume de glace polaire depuis 2016
les eaux de surface de l'arctique sont de plus en plus chaudes ...
Liens utiles et références qui ont permis de réaliser cet article:
- Le site hansuniversalis.org
- La banquise fond? sus à l'or noir ! Courrier International
- Une enquête sur le site de l'Expansion/l'Express et plein d'autres sites accessibles à partir de votre moteur de recherche préféré ...
- source article du monde : "Climat : le nord perd sa glace" 12/11/2016
- un article du monde du 12/11/2016 : "Climat, le nord perd sa glace"